Concert : SCHUMANN, SCHUBERT
dimanche 4 décembre 2022 - 16:00

Eglise SAINTE-MARIE des BATIGNOLLES - 77 place du Dr Félix Lobligeois - 75017 Paris

Franz SCHUBERT
Symphonie n° 8 « Inachevée »

Robert SCHUMANN
Symphonie n° 4

Direction : Fabrice Caracciolo

Pour s’y rendre:
– Métro : ligne 13 Brochant / ligne 2 Rome
– Bus: 31, 54, 66, 74

Tarifs: Libre participation en faveur du Téléthon

LE MOT DU CHEF

Franz SCHUBERT (1797 – 1828)

Franz Schubert grandit dans un faubourg de Vienne.
Durant ses premières années, son père lui apprend le violon et son frère Ignaz le piano-forte.Les dons de l’enfant sont si évidents qu’il est envoyé à Michael Holzer, organiste réputé de l’église de Lichtental, afin d’apprendre quelques bases en composition, en orgue et en chant. A onze ans, il passe l’examen d’entrée au Stadtkonvikt de Vienne avec brio et intègre cette impressionnante mais austère école de musique. Au fil des mois, ses maîtres peuvent admirer ses aptitudes en musique.
Franz passe tout son temps à composer en cachette, mais doit quitter à seize ans le Stadtkonvikt pour suivre la volonté de son père et faire un stage d’instituteur auxiliaire. A l’âge de dix-sept ans il seconde son père qui, satisfait, lui achète un piano-forte et tolère qu’il continue à écrire de la musique. Mais au bout d’un an il arrête ce métier qui ne lui convient pas et quitte le domicile familial pour être libre et vivre de ses compositions.
Franz s’est fait de nombreux amis au Stadtkonvikt et compte se faire héberger par ceux qui l’acceptent au gré des saisons. Il choisit ses amis parmi les meilleurs poètes de l’époque et les meilleurs peintres, dont il apprend beaucoup.
Les Viennois, ne s’habituant pas au régime policier mis en place depuis peu, organisent des réunions afin de se divertir. Des cercles de lecture naissent, ainsi que des réunions hebdomadaires où musique et poésie sont à l’honneur : les « schubertiades ». C’est dans ce cadre que sont jouées les œuvres de Schubert pour piano à deux ou quatre mains, ses trios, ses quatuors, son quintette La Truite, et que sont chantés ses lieder.
Il est également connu comme compositeur de valses, de polkas, et autres danses.
Certaines musiques de scène comme Rosamunde ont un peu de succès.
Franz est l’un des compositeurs les plus prolifiques de l’histoire de la musique, car son destin, alors qu’il a 26 ans, devient soudainement très sombre : il apprend qu’il est atteint de la syphilis et que ses jours sont comptés. Les sombres accents de la Symphonie n° 8 « Inachevée » datent de cette époque et donnent une idée de son état psychologique. Il est hospitalisé et sombre progressivement durant cinq ans, avec quelques périodes de rémission. Âgé de 30 ans et parvenu au terme de sa vie, Franz est toujours aussi fasciné par son aîné Beethoven. Il était un an et demi auparavant parmi les 36 porte-torches qui suivaient avec recueillement son cercueil le 29 mars 1827, sans avoir jamais osé le rencontrer, alors qu’il habitait la même ville. Beethoven disparu, il ose enfin confier sa Symphonie n° 9 dite « Grande Symphonie » à ses amis. Les œuvres de musique de chambre de cette fin de vie sont d’une profondeur confondante.
Qu’importent ces états d’abattement, il continue de s’enflammer pour de nouveaux poèmes, met en musique le Voyage d’hiver sur des poèmes de Wilhelm Müller, dont les textes, illustrant la solitude, correspondent parfaitement au jeune compositeur. En effet, malgré son cercle d’amis, Franz est aussi seul que le personnage des lieder de Müller : sa vie s’achève bientôt, sans mariage, sans aucune réussite à l’opéra, il n’est pas reconnu du public pour ses vraies œuvres, il n’est que très peu édité, de plus en plus incompris…
Il disparaît terrassé par le triple effet de la syphilis, d’un empoisonnement dû à un plat de poisson, et du typhus. Le grand public n’a la révélation de son œuvre qu’à la fin du XIXe siècle.

Symphonie n° 8 « inachevée » D.759 (1822)

1- Allegro moderato
2- Andante con moto

La Symphonie en si mineur, D. 759, de Franz Schubert, composée en 1822, n’est découverte que plusieurs années après la mort du compositeur, contribuant à sa renommée.
Parce qu’elle ne comporte que deux mouvements, elle est connue sous le nom de « Symphonie inachevée », Die Unvollendete.
Le troisième mouvement, un scherzo, a été ébauché par Schubert. Il comporte 120 mesures à l’état d’esquisses pour piano, dont les vingt premières en partie orchestrées.
Plusieurs hypothèses sont émises sur cette symphonie si solidement amorcée et incomplète : la découverte de Schubert de sa syphilis ou bien un nombre très important d’œuvres commandées, enfin l’envie de revenir sur cette symphonie liée à une phase dépressive de sa vie s’est estompée.
En 1865, bien après la mort de Schubert, la première de cette symphonie inachevée a lieu, à Vienne, dirigée par Johann von Herbeck. Elle est publiée peu après et contribue grandement à la renommée du compositeur.
En 1928, à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Schubert, la Columbia Gramophone Company lance un concours pour terminer la symphonie. Le pianiste Frank Merrick le remporte. Son Scherzo et son Final sont joués à l’époque et depuis oubliés. Plus récemment, le musicologue britannique Brian Newbould établit une autre complétion de la symphonie, dans laquelle il intègre les propres esquisses du Scherzo de Schubert et réemploie la musique de l’intermède de la pièce Rosamunde en guise de quatrième mouvement.

Robert SCHUMANN (1810-1856)

Robert Schumann est né à Zwickau, en Saxe, le 8 juin 1810. Il entre à la faculté de droit de Leipzig en 1828, après avoir rencontré le poète Heinrich Heine à Munich. L’année suivante, il est à l’Université d’Heidelberg. Il semble qu’il ait été peu assidu à ses cours, s’endette, suit des cours privés de langues étrangères, voyage en Suisse et en Italie, où il apprécie au plus haut point le bel canto et les opéras de Rossini. En 1830, il revient à Leipzig, où il prend des leçons avec Friedrich Wieck. Il se consacre entièrement au piano et ne compose plus. Il est enthousiasmé par l’œuvre de Frédéric Chopin, qui vient de publier ses variations pour piano et orchestre sur Là ci darem la mano de Mozart. Il abandonne, fin 1832, l’objectif de devenir un pianiste virtuose, un procédé visant à améliorer sa dextérité, pourrait être la cause d’une paralysie partielle de la main droite. En 1833, il est atteint des premières manifestations de troubles mentaux qui s’aggraveront au cours du temps. En septembre 1834, il se fiance avec Ernestine von Fricken, une élève de Wieck. Les fiançailles sont rompues en été 1835. En 1835, il rencontre brièvement Chopin et Félix Mendelssohn, qui vient d’être nommé directeur du Gewandhaus de Leipzig. Ils deviendront des amis très proches. La même année, commence la relation amoureuse avec Clara Wieck, alors âgée de 15 ans. En 1838, Clara obtient un grand succès à Vienne, ou elle est nommée virtuose de la chambre impériale et royale. Schumann fait le projet, sans suite, de s’y installer avec elle. Friedrich Wieck s’oppose farouchement à l’union de sa fille avec Schumann. Robert et Clara ont recours à la justice et obtiennent l’autorisation de mariage, qui se conclut le 12 septembre 1840, à Schönefeld, dans la banlieue de Leipzig. Ils auront sept enfants. En décembre 1843, il accompagne Clara dans une tournée de concerts en Russie. Il y est malade, et doit recevoir des soins à Moscou. À leur retour à Leipzig en mai 1844, son état est aggravé. La famille s’installe à Dresde en hiver 1844, où le père de Clara a fait sa résidence. L’état de santé de Schumann s’améliore en 1845. De novembre 1846 à février 1847, les Schumann sont en tournée : Vienne, Prague, Berlin. La mort de Félix Mendelssohn, le 4 novembre 1847, l’affecte particulièrement. En 1850, il obtient le poste de directeur de la musique à Düsseldorf, où il s’installe le 2 septembre. En 1852, les Schumann passent l’été près de Bonn, à Bad Godesberg. Il doit démissionner de son poste à Düsseldorf en 1853. Le 27 février 1854, dans une crise de démence, il se jette dans le Rhin. Sauvé, il est interné, le 4 mars, à Endenich, près de Bonn, où il meurt le 29 juillet 1856.

Symphonie nº 4 (version 1851)

1- Introduction – Allegro
L’introduction est lente, majestueuse, dans la tonalité de ré mineur. Un crescendo, un tempo plus rapide et le monde bascule dans l’allegro avec un thème animé, construit comme une arabesque. Le thème est hardi et possède une vie intense durant tout l’allegro, notamment dans le développement.
L’allegro est construit comme un allegro de sonate, avec deux thèmes, dont le second est exposé au relatif majeur, comme les différents éléments secondaires qui sont exposés. Une reprise de l’exposition avant un développement qui travaille les éléments thématiques entendus, puis une réexposition qui se termine par une conclusion triomphale en majeur, rompue au dernier moment par un accord surprenant de ré mineur.
2- Romance
Un brusque contraste nous est offert par cette romance, délicate, dans la tonalité de la mineur. La mélodie est souple, fragile et très expressive. Enoncée d’abord aux violoncelles, doublée par les hautbois, l’orchestre s’emballe peu à peu. Très vite, la mélodie est relayée par le thème lent de l’introduction.
Dans la partie centrale, nous assistons à une modulation en ré majeur, avec un superbe solo de violon qui brode, oscille entre les triolets en doubles croches. Puis, la musique s’essouffle peu à peu avant de trouver un scherzo vif et rapide.
3- Scherzo
Le scherzo fait un retour dans la tonalité principale de ré mineur, dans un tempo rapide et énergique. Schumann nous fait à nouveau entendre le thème de l’Introduction (mouvement 1), amorcé en canon.
Le trio central est émouvant, léger, presque désinvolte, faisant penser au violon soliste du mouvement précédent.
Le scherzo retentit une dernière fois (sans être repris cette fois). La coda, fondée sur le thème principal du mouvement initial permet de faire une transition avec le finale.
4- Finale
Ecrit dans la tonalité de ré majeur, le finale débute par une introduction lente de seize mesures. Celle-ci prépare le finale, écrit comme une forme sonate libre : Schumann reprend le thème principal et fait même entendre des nouveaux motifs (dans le développement). La réexposition n’a pas lieu, Schumann souhaiter énoncer une nouvelle idée : la symphonie termine presto, avec éclat dans une strette héroïque.

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